« Quand on donne à manger aux bêtes, qu’on voit la mer, la montagne, on se sent comme apaisé »
Marie-Pierre Albertini a 31 ans quand elle reprend avec sa sœur, Marie-Felicia, âgée de 33 ans, l’activité familiale. Leur père vient de mourir, les laissant seules avec leur mère et leur grand-mère, avec en héritage une exploitation de 100 hectares dans la commune de Loreto-di-Casinca en Haute-Corse. Trois ans plus tard, les deux sœurs sont toujours aux manettes et désormais à la tête d’un élevage de 200 porcs de race nustrale dont 100 porcs charcutiers et 100 porcs de renouvellement. Tous sont élevés en liberté et finis aux glands et à la châtaigne, l’alimentation étant aussi le secret de l’exceptionnelle qualité de la viande du porc nustrale.
La fibre de l’élevage, elles l’avaient depuis leur jeunesse, ayant l’une et l’autre suivies une formation de conduite et gestion d’exploitation agricole. Restait à acquérir le coup de main et le savoir-faire charcutier. A 80 ans, leur grand-mère est toujours là pour les guider. « C’est le regard des anciens, de la tradition, elle examine les jambons, les viandes – sans compter la formation acquise auprès de notre père que nous avons vu travailler » explique encore Marie-Pierre.
Lonzu, Prisuttu, Coppa di Corsica, les trois AOP qui sortent de l’atelier maison, fabriqués dans le plus strict respect du cahier des charges de Salameria Corsa, ont su rapidement conquérir une clientèle de fidèles. Des habitués, des gastronomes de passage, des épiceries fines et des restaurants, les deux sœurs n’ont aucun problème pour commercialiser une production dont la qualité fait la réputation. « Nous avons même des amateurs du continent qui nous achètent notre charcuterie à distance ».
Marie-Pierre et Marie-Felicia « charcutent » également d’autres produits comme les figatellies, le saucisson, la paneztta, la bulagna mais aussi les terrines, le pâté de tête… déplorant l’absence d’AOP pour ces produits, même si elles ont bon espoir que le saucisson puisse faire prochainement l’objet d’une appellation d’origine protégée (AOP).
Hiver et été, les journées sont longues pour les deux mères de famille et un peu plus en saison, avec, notamment la nécessité d’attraper les porcs.
« C’est vrai que c’est un peu un métier d’hommes mais nos voisins et amis éleveurs viennent nous donner un coup de main. Nous avons la chance de travailler dans un environnement très solidaires. »
Quant à la suite, Marie-Pierre et Marie-Felicia ont des filles… alors peut-être le début d’une dynastie d’élevage au féminin ?